Autrice-illustratrice de kamishibaïs

Poussière de bois, bois de rêve, bois de rose,
poussière de roi, ouvre-toi!

J’aime unir paroles et images en rêveries dédiées aux voyages et aux histoires… Rêveries croisées ou parallèles : les images n’ont parfois pas les mêmes idées que les mots, ou du moins, elles n’en parlent pas de la même façon ! Que la parole n’épuise pas l’image, que l’image n’assèche pas la parole, que le « jeu », l’espace entre elles reste celui du mystère, de l’imaginaire du spectateur, tel est mon désir. Je fais confiance à l’invisible, en bordure et au coeur du visible, comme source profonde de relation et de liberté.
Corps à corps irisé, corps de conteuse à corps d’image…
Mes kamishibaïs explorent des contes traditionnels imprégnés de l’approche sensible des lieux, des anecdotes en lien avec des rencontres tressées sur place, ou bien des récits inventés à l’écoute du voyage. Les photomontages que je conçois et réalise avec le concours de graphistes pour la part technique, superposent et mêlent mes clichés plutôt documentaires. L’image bascule alors dans un lieu poétique où chacun peut loger ses interprétations, ses émotions, en installant un lien personnel à l’histoire. D’ailleurs, au dos des planches illustratives, un espace vierge invite le lecteur à devenir lui-même raconteur et à inscrire avec ses propres mots sa version de l’histoire, ou à la traduire dans une autre langue…
Cette présence plastique dans les représentations kamishibaï est au final moins illustrative que gustative : elle propose de goûter les histoires en résonance avec des formes, reconnaissables ou non, des couleurs, exacerbées, adoucies, ou « nature ». Autant d’aventures qui se promènent au coeur de la sensibilité de chacun.


5 kamishibaïs publiés chez Kamishibaïs Editions

Une exposition dédiée au « Palais de papier » et à « Pluie bleue »




Panneaux réalisés et exposés à la Maison de la Vigne et des Paysages près d’Estaing – 12.

Disponibles sur réservation.

Les kamishibaïs font leur cinéma… A une image minute!
 Représentation associée à des courts-métrages au Cinéma de Nontron (Dordogne)


Les kamishibaïs en goguette, en librairie, en nature,
en salon du livre ou en ville…



L’Été culturel est une manifestation à l’initiative du ministère de la Culture, avec le soutien financier de la Drac Occitanie.


Mais qui y a-t-il à l’intérieur de ces « livres-spectacle »?

L’histoire
Pluie Bleue est une petite fille obstinée, née d’une goutte d’eau bizarre, sur un rivage de Tasmanie. Elle est venue là pour voir le tigre, le fameux tigre de Tasmanie disparu depuis plusieurs dizaines d’années. Guidée par un kangourou blanc, des hippocampes et un oiseau taciturne, elle ira de chemins d’écorce en chemins d’eau, de rivages orange en arbres-fougères, jusqu’au plus profond des forêts tasmaniennes. Elle trouvera les waratahs, ces fleurs de feu au cœur semé de gouttes de suc : elles lui enseigneront un chemin que l’on ne peut plus perdre quand on l’a trouvé, un chemin qui éloigne les peurs et rapproche de l’essentiel. Le tigre lui apparaîtra enfin, comme un espoir comblé.
L’histoire de l’histoire
Résonne encore et toujours sur cette île sauvage la mémoire des hommes noirs, déportés, laminés comme les tigres. J’ai photographié les oiseaux des falaises depuis la tombe de Truganini, la « dernière » aborigène de Tasmanie, lors d’un voyage, en 2004. Cette histoire parle à sa manière de ces hommes et de ces femmes ; des forêts tasmaniennes, aussi, qui font encore l’objet d’une exploitation abusive – les eucalyptus régnants y sont parmi les plus hauts du monde ; des tigres, enfin, chassés jusqu’à extinction – on peut encore en voir un, empaillé au Musée de Hobart ; sa silhouette, présente sur de nombreuses effigies, estd’ailleurs un emblème de l’île. J’aurais aimé écouter des histoires traditionnelles, là-bas, mais elles sont réservées aux initiations, et à l’intimité des clans ; elles sont protégées, et sans doute aussi protègent-elles. J’ai donc créé Pluie Bleue en écoutant avec mon appareil photo ce que la nature me disait d’elle-même, des hommes et de leurs histoires. Un jour, je longeais un rivage de Bruny Island quand je me suis aperçue que, derrière la dune, le paysage avait été ravagé par le feu (parfois utilisé sous contrôle pour régénérer la végétation).Quand je me suis approchée, j’ai vu de grands coquillages remplis de cendre, témoignages d’anciens
campements aborigènes ; tout près, de jeunes pousses d’un vert phosphorescent transperçaient le sol, d’autres, grenat, soulevaient l’écorce noircie des arbres, tandis que des fourmis irisées s’affairaient partout : j’ai ressenti une joie profonde, et un espoir indéfectible. Pluie Bleue est fille de ce moment, à la fois empreint de mémoire et porteur de renaissance.

L’histoire
Aliou et Nora ont grandi ensemble dans la maison de Georges, au Sénégal. Ils s’aiment… Mais un jour, Nora se détourne d’Aliou. Georges conseille au jeune garçon d’utiliser le sortilège des « feuilles d’amour” pour la reconquérir. Il essaie donc toutes les feuilles d’arbre de son village… Rien n’y fait… Il décide alors de trouver ailleurs des feuilles susceptibles de combler son amour si grand. Il part très loin, jusqu’en Pologne… où l’inattendu l’attend!
L’histoire de l’histoire
La magie des “feuilles d’amour” m’a été confiée par Guy-Alexandre Sounda, au Sénégal, lors d’une résidence artistique à Kaolak.. La maison de Georges résonne encore en moi comme un trésor. J’ai le souvenir d’un havre de gentillesse et de compréhension, où les enfants étaient nombreux à venir ; c’est Georges lui-même qui avait peint les murs de motifs décoratifs ou de maximes bien senties, parmi lesquelles : “On ne peut se connaître que par ce que l’on fait”. L’histoire se termine – ou commence – en Pologne, terre de mes ancêtres, par un court conte persan, librement adapté : Les peintures vives, la présence très forte du bois, souvent peint lui aussi, la simplicité des gens et de leur accueil, certains côtés nomades aussi, ont ranimé en moi des échos africains.

Kamishibaï aujourd’hui épuisé!

L’histoire
Un jeune pêcheur japonais, Toshimi, emporté un jour par une tempête, gagne un palais sous la mer, aidé par un poisson qu’il a lui-même sauvé la veille. Ce palais de papier est aussi le palais des quatre saisons, le palais du Temps : il y rencontre la Dame de la Mer, en tombe amoureux, et reste avec elle. Mais un jour, languissant de sa famille et de ses amis, il lui demande de pouvoir remonter sur le rivage. Elle lui confie alors une boîte en laque avec la recommandation de ne pas l’ouvrir s’il veut revenir auprès d’elle. Il retourne dans son village mais bouleversé, ne reconnaît plus rien… Il ouvre alors la boite, affolé, pour demander secours, pour retourner dans le palais et …
L’histoire de l’histoire
Les photographies proviennent toutes d’un voyage que j’ai effectué au Japon en 2006 pour expérimenter les théâtre Nô et Kabuki ; elles servent le conte traditionnel « Urashima Tarô », librement adapté. En me promenant loin des villes, j’ai été très sensible à la beauté qui jaillit là-bas du quotidien : des coquillages remplis de quelques pincées de terre font de minuscules jardinières aux fenêtres, chérissant deux ou trois pousses, tandis que dans le jardin, des sillons fraîchement labourés brillent de paillettes d’or ; un homme m’a tendu un jour un bol de thé fumant au creux d’une feuille de papier qu’il venait tout juste de froisser, pour ne pas que je me brûle ; j’ai vu une fleur de pivoine, glissée dans un bambou fendu, s’abreuver à même une source ; et aussi la brume matinale effacer les montagnes sous des vols de libellules… La délicatesse des gens et des choses, la retenue qui devient silence rond, parfois jusqu’au secret, la beauté qui, sans s’être pourtant cachée vous apparaît soudain, poignante, ont inspiré les mots du “Palais de papier”.

L’histoire
Ce carnet de voyage, égrené de dessins d’enfants groenlandais, raconte des moments chaleureux, près des grandes glaces qui pétillent, effervescentes, en promenant leurs paysages colossaux au gré des courants et des marées. Il installe dans l’ambiance colorée d’un village du Grand Nord, jusqu’à dévoiler un événement que l’on ne croirait pas possible là-haut : l’été, au creux de lacs de neige fondue, les enfants… se baignent! Quant au baiser « esquimau », avec le nez, il n’est vraiment pas semblable à celui que l’on nous enseigne chez nous…
L’histoire de l’histoire
Je suis allée au Groenland par fidélité à un rêve d’enfant. Un premier voyage sur la côte Est, en 2002, a été suivi d’un deuxième, l’année suivante, dans le cadre d’un projet avec le GEMEA d’Albi.Le Groenland est une terre sans arbres. Sans routes, aussi. Quand les côtes sont libérées des glaces, l’été, le paysage se déploie comme une invitation à inventer des chemins. Les hommes, les femmes et les enfants sont les seuls à se tenir debout, sur ces cailloux, à relier ciel et terre. Chez nous, ce sont les arbres qui le font pour nous. Là-haut, les arbres, ce sont eux : les hommes, les femmes, et les enfants ! Ce voyage est le premier de tous mes longs voyages. C’est sans doute aussi celui qui les contiendra tous. Le kamishibaï « petite Nord » est un voyage dans l’intimité de l’immense, un hommage à des visages, coeurs à fleur de joue. La « petite Nord » qui m’a « photographiée » à travers le viseur d’une charnière de porte (depuis la cabane d’enfant où elle jouait) m’a laissé le temps de la prendre en photo, aussi : C’était un moment de vérité et de fraternité profondes, un miroir au-delà des apparences. Cette image est fondatrice de mon travail.


L’histoire
Le Drac enlève l’enfant-joli et l’emmène chez lui sous la terre afin que sa femme, la Draquesse, l’engraisse pour le faire cuire. Mais c’est elle que l’enfant-joli poussera dans le four pour se libérer ! Un vautour passera… Métamorphose inattendue… Voilà l’histoire, inspirée de Jean Boudou, que Félicien l’ancien raconte à la petite Irène, un mercredi où elle musarde au gré du vent, entre paysages du Causse Noir et personnages légendaires…
L’histoire de l’histoire
« L’enfant-joli » inspiré de l’œuvre de Jean Boudou, est un hommage à l’enfance que j’ai passée dans le Viaur, près de son grand-père qui me parlait en occitan. J’ai conçu ce cinquième kamishibaï sur le Causse Noir, où je vis avec bonheur depuis 2009, en coproduction avec le Parc naturel Régional des Grands Causses. Que cette aventure collective, fête de paroles et de photos recueillies, de journées de prises de vue, de rires partagés sur le Causse si grand ou devant la fenêtre de l’ordinateur, puisse être pour les lecteurs-explorateurs un voyage en terre humaine, sauvage et poétique.


Edith Montelle, dans « La boite magique » (réédition de 2014)

a consacré quelques paragraphes à mon travail (Chapitre 5 : Les créateurs / Rubrique Photomontages).

Pour voir d’autres kamishibaïs, vous pouvez visiter le site de Kamishibaïs Editions :
www.kamishibais.com


Les kamishibaïs sont vendus 35 euros ttc chacun.
A commander en librairie ou directement auprès de mon éditeur !